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INTERVIEW - Nathalie Bachelier directrice de la RSE et de la durabilité chez Editis et membre du C3D

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Interview
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Bonjour Nathalie, pourriez-vous nous parler de vous-même, de votre parcours, et nous expliquer en quoi consiste votre rôle en tant que Directrice de la RSE et de la durabilité chez Editis?

Professionnelle en développement durable des affaires, passionnée par l'éducation et la RSE, je suis passée du business à la responsabilité de l’entreprise. Je prône une approche pragmatique des questions de développement durable au plus proche des métiers et des collaborateurs.
Au cours de ma carrière, j’ai occupé plusieurs postes au sein de groupes de médias internationaux impliqués dans la transmission des savoirs et du plaisir de lire, notamment dans les groupes Hachette et Bertelsmann.
J’ai une double formation : classique (Histoire Université La Sorbonne) et business (Institut Français de gestion, Management stratégique des entreprises). Pour Editis, à la direction RSE,  je pilote la politique de responsabilité sociétale et environnementale d’un groupe leader de l'édition en France, qui regroupe 55 maisons parmi les plus connues des lecteurs (Nathan, Le Robert, Plon, Presses de la cité, Robert Laffont, First, Pocket...). Je suis membre du C3D (Collège des directeurs développements durable).


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Mon rôle est de construire, déployer, partager et coordonner la politique environnementale, sociétale et D&I (diversité et inclusion), pour tous les enjeux liés aux activités du groupe : édition, diffusion et distribution. D'associer l'ensemble des collaborateurs et de créer une culture du développement durable et des activités responsables.

Pourriez-vous expliquer de manière concrète ce que représente la RSE et ses bénéfices pour quelqu'un qui n'est pas familier avec ce concept?

Pour moi, la RSE c'est une démarche pour que l'impact de l'entreprise sur la société humaine soit la plus positive possible et que l'impact de ses activités sur l'environnement soit le plus faible possible ou le plus positif possible. Dans le contexte actuel du dérèglement climatique et du péril sur la biodiversité, la RSE doit mesurer les risques encourus par l'entreprise et agir pour les réduire. C'est pourquoi on retrouve dans la politique RSE des éléments tels que la démarche climat, la réduction des émissions carbone, l'écoconception, le mécénat, la mission handicap...

Quels arguments utiliseriez-vous pour convaincre les dirigeants réticents de l'importance d'initier une démarche RSE au sein de leur organisation?

Le principal argument c'est la pérennité de l'entreprise. Pour que celle-ci existe encore dans 20, 30 ou 50 ans, il est indispensable de mesurer les risques environnementaux et sociaux et d'avoir un plan d'action pour les réduire, sans omettre de repenser son business model. L'autre argument c'est la réponse à la règlementation - toujours plus forte - pour éviter les risques financiers (amende) et de réputation, par exemple en matière d'éthique et compliance, en réponse au Décret tertiaire, à la Loi AGEC (pollueur-payeur), etc. Enfin, la rétention des talents par la qualité de vie au travail et une politique de diversité et d'inclusion.

Pourriez-vous donner des conseils aux entreprises souhaitant intégrer des critères de RSE dans leur choix de prestataires de services ?

Chez Editis, nous avons beaucoup travaillé avec la Direction des Achats et la Direction Juridique pour écrire puis améliorer sans cesse notre Charte des Achats Responsables. Celle-ci comporte outre le respect stricte de la loi, des critères éthiques, des exigences sur les ressources utilisées et des incitations en faveur de l'emploi des personnes en situation de handicap.

Comment envisagez-vous l'évolution de la RSE dans les prochaines années ?

Je pense que dans un monde aux ressources limitées, la remise en cause du business model va être centrale dans les entreprises, donc dans les politiques RSE. Le pilier environnemental va prendre de plus en plus de place notamment avec l'écoconception, la réduction des déchets et des émissions carbone et la réflexion sur la biodiversité.

Quels seront selon vous les apports de la CSRD pour des ETI non soumises à un reporting RSE obligatoire (DEPEF ou DEU) jusqu‘à présent ?

Tout d'abord je constate que c'est un énorme chantier, de deux ans, pour se préparer à la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) et que cela va obliger toutes les entreprises à un « reporting de durabilité et de transformation ». On n’est plus sur de l’engagement ou de la compliance mais sur… Une obligation pour chaque entreprise de démontrer qu’elle agit pour la neutralité carbone. Ce rapport, annuel, va permettre des comparaisons entre secteurs et entre concurrents, entre les moyens financiers mis en œuvre pour diminuer ou couvrir le « risque » climat. Il devrait être très lu des banquiers et des investisseurs...

Avez-vous des arguments à donner aux managers qui veulent inciter leur Direction à enclencher une démarche RSE ?

Il s'agit de travailler à la pérennité de l'entreprise face au bouleversement climatique comme je le disais plus tôt, de diminuer les risques que l'environnement fait peser sur l'entreprise et que l'entreprise fait peser sur l'environnement. C'est une démarche pleine de sens qui peut vraiment mobiliser les collaborateurs et leur permettre d'innover.

Pour tout savoir sur le C3D - Collège des Directeurs du Développement Durable (cddd.fr)